RENCONTRE AVEC LES « OCCUPY WALL STREET »

D’après les dernières nouvelles, il semblerait que la police ait dégagé les manifestants d’Occupy Wall Street à New York. Hé bien, puisque l’actualité a pris de court le reste de mes découvertes new yorkaises, je publie donc ce billet en premier.

Pendant ce temps-là, à Wall Street…

J’étais passé faire un tour du coté de Wall Street voir ce qu’il en était le week-end dernier (donc peu avant l’évacuation).

La bourse était bien protégée par des barricades et les mouvements de protestation étaient circonscrits dans un petit square (le parc Zucotti) à quelques blocs du temple du capitalisme.

J’ai une sympathie pour ces gens qui luttent contre le grand Goliath. Rappelons que le mot « socialisme » est très souvent connecté très négativement aux Etats-Unis, étant souvent associé à du stalinisme ou du nazisme chez un public non négligeable de la chaîne Fox News.

Make Love Not War

J’ai donc voulu discuté avec certains d’entre eux, voir leur vision de l’avenir et du mouvement en lui-même. Je profite de mes petites connaissances en anglais glanées pendant mon ère londonienne pour échanger avec certains d’entre eux. Je rencontre des gens très différents et ça fait plaisir de voir une partie de cette Amérique car ce pays est tellement vaste que s’enfermer dans les stéréotypes de l’Américain moyen est souvent incroyablement réducteur. J’entrevois chez mes interlocuteurs une vraie peur commune pour le futur et une exaspération concernant la domination des banques sur le système actuel.

L’autre vérité aussi est que ce mouvement est extrêmement hétérogène avec des hippies, des annonciateurs d’apocalypses, des rêveurs d’un monde meilleur, des gens opportunistes qui en profitent pour faire un peu de business et des gens de la vie de tous les jours qui rentrent le soir chez eux après avoir donné un coup de main à la cause.

Un gars aux cheveux longs voulait me vendre des bouquins de philosophie indienne pour couvrir les frais de production. Je fus un peu irrité par l’empressement à me montrer ces livres alors que je ressentais un peu le hors sujet.

J’achète quand même un badge et donne quelque dollars en guise de soutien à quelques quêteurs. Je théorise avec plaisir avec un retraité sur les conséquences de la crise malgré le fait que je ne comprenne pas tout à fait ses métaphores évangélistes. Et puis, il y a cette cohue joyeuse qui prend dans le fonds du campement de tentes : une fanfare multicolore de percussionnistes sonne le rythme de la contestation avec évidemment la bannière étoilée comme étendard principal puisqu’on est en Amérique et que, même dans la contestation, la lutte demeure un spectacle relativement fascinant. Ca reste donc assez éloigné, dans la forme, du mouvement des Indignés en Europe.

On n’oublie pas le show à l’américaine…

C’est peut-être ça la force et peut être, plus encore, la faiblesse de cette Amérique révolutionnaire : le spectacle reste plus important que le projet et sa cohérence…

 

 

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8 Commentaires

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 00:41

      De rien, je me fais plaisir en faisant ça 😉

  1. Commentaire par Piotr

    Piotr Répondre at 13:52

    Le monde est un spectacle mais la question est de savoir qui profite réellement du spectacle ?
    nice 😉

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 03:24

      Bonne question ma foi… 😉

  2. Commentaire par Julien

    Julien Répondre at 11:46

    J’ai ressenti la même chose que toi ! J’étais à New York en octobre, j’y suis passé et resté un bon moment. C’était à la fois sérieux et solennel pour certains manifestants, et à la fois devenu une sorte de grande foire aux touristes et aux journalistes venus prendre des photos d’indignés devenus, parfois, de simples showman/leveurs de fonds pour leur cause perso. Ce qui peut irriter peut être notre vision plus « européenne » (voire française) des mouvements contestataires. Au fond l’important, c’est que ça bouge, non, surtout aux US ?

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 04:25

      Tu as pas tort Julien sur le fait que l’essentiel c’est que ça bouge. Reste qu’on ne ressent pas la force d’un grand mouvement populaire qui ferait bouger les lignes sur le long terme pour les raisons que tu as évoquées.

  3. Commentaire par NowMadNow

    NowMadNow Répondre at 22:57

    Ca fait plaisir de te revoir sur ce blog!

    J’aurais beaucoup aimé être ton appareil photo et capter toutes ces têtes, ces personnages. L’Amérique m’intéresse, je dois y retourner. J’aimerais prendre le temps d’aller dans les états peu traversés, découvrir une petite part de cette Amérique. Et puis revoir New York.

    NowMadNow

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 04:20

      Oui! Ca reste un pays fascinant quoi qu’on en dise.
      Et New York ne doit avoir presque rien en commun avec le petit village d’Arizona. Enfin bon, on peut pas être partout en même temps 😉

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