UN BILAN DE TROIS MOIS EN FREELANCE EN AMERIQUE DU SUD

Une semaine après mon retour, je me fais un premier bilan de cette expérience.

J’ai décidé d’abandonner le travail de bureau et le rythme 9-5 l’an dernier et de penser comment je pourrais dématérialiser mon travail. L’objectif est de pouvoir générer un revenu depuis quasiment n’importe quel endroit du monde et de ne pas avoir de compte à rendre à un manager qui risque de devenir mon sujet de conversation pour de mauvaises raisons. Mon but final est donc l’indépendance financière et géographique.

J’ai quelque cordes à mon arc pour y parvenir :

– L’activité de traduction online. Je ne suis pas un traducteur professionnel (originellement j’ai étudié l’économie) mais les trois années passées à Londres m’ont permis d’apprendre sur le tas la langue de Shakespeare.

– Ecrire un blog/site internet. J’avais commencé un blog  il y a cinq ans que j’entretenais très irrégulièrement. Depuis, après avoir parcouru de nombreux blogs anglophones de voyageurs, j’ai vu qu’il était possible de créer de très beaux blogs sous wordpress et d’en dégager quelques revenus. En lisant des blogs comme ceux de Chris Guillebeau ou Nomadic Matt notamment, l’idée de Voyage For Ever était née. J’ai donc envie de créer une ressource originale pour les voyageurs francophones, basée sur mon expérience et mes nombreuses lectures.

– Le poker. Une autre activité encore plus insolite mais beaucoup plus aléatoire en revanche. J’ai quand même la chance d’avoir un frère auquel j’avais appris le jeu il y a quelques années qui est devenu une star du poker français entre-temps et qui me rend l’ascenseur , l’élève ayant complètement surpassé le maître désormais.

Au mois de janvier, j’ai donc pris le statut autoentrepreneur qui a pas mal d’avantage comme celui de pouvoir payer ses charges par internet ce qui correspond parfaitement à mon mode de vie nomade. J’ai donc pris l’initiative de sous-louer ma chambre à Londres et de partir trois mois en Amérique du Sud de fin janvier à fin avril pour expérimenter ce nouveau mode de vie. J’ai passé environ un mois et demi à Buenos Aires avant d’improviser (plaisir du voyageur libre) plusieurs semaines en Uruguay et une dizaine de jours dans la région de Porto Alegre au Sud du Brésil.

Trois mois est une période suffisante :

– Pour éviter de tomber fatalement dans la case touriste et commencer à appréhender mieux la culture d’un pays ce qui est pour moi l’objectif ultime du voyage.

– Amortir le coût du billet d’avion. Ayant payé 600 euros le billet. Le coût de la délocalisation me revient donc à 200 euros par mois, ce qui est plus qu’amorti par le coût de la vie faible des pays où je me suis trouvé. Le Brésil est devenu moins abordable récemment quand même .

Mon « bureau » chez des amis à Porto Alegre

Premièrement, ce n’est pas du vrai tourisme comme beaucoup de gens ont l’air de penser. IL FAUT UNE DISCIPLINE DE FER. Et ce n’est pas toujours évident lorsque le soleil chante, que l’on est curieux comme une chouette de toutes les nouveautés visuelles et sonores qui vous entourent. La vie dans les hostels n’est pas toujours la plus appropriée et on se retrouve à se compliquer à compliquer la vie avec des détails type chercher une prise de courant, trouver le bon adaptateur, une connexion wifi, chercher l’inspiration alors la pression sociale se fait forte pour vous sortir de votre tanière. La vie est certes plus agréable (encore plus quand sait que c’est l’hiver en Europe) mais il faut savoir s’organiser et faire des compromis avec soi-même pour être productif. Les coup de blues, les désagréments sont plus problématiques lorsque l’on a des obligations professionnelles et que l’on est son propre responsable. Et ce n’est pas toujours facile de se lever sans la pression du patron. L’indépendance se mérite et s’apprend mais le jeu en vaut particulièrement la chandelle, en tout cas pour ma part.

Deuxièmement, l’activité de blogging est CHRONOPHAGE, tout particulièrement au début. J’avais un peu sous-estimé cet aspect. Il y a tout un travail souterrain que l’on n’imagine pas :

  1. La constitution d’une base d’articles originale et la mise en réserve des articles qui ne suivent pas l’actualité pour les jours de « page blanche » et les jours « sans ». Le temps de recherche d’infos pertinentes et sérieuses est aussi à prendre en compte.
  2. Le référencement Google est capricieux et le grand seigneur n’aime pas trop la littérature mais beaucoup plus les mots banaux et précis.
  3. Les petits réglages sur le design ou le temps de chargement qui passent inaperçus mais qui demandent pas mal d’heures de boulot. La bonne nouvelle est qu’une sympathique webdesigneuse brésilienne rencontrée à Montevideo va me faire un logo pour le site.
  4. Les problèmes philosophiques : qu’est-ce que je suis prêt à laisser comme publicité ou affiliation divers sur le site ? Quel est le meilleur moyen de mettre un peu de beurre dans les épinards ?
  5. La découverte des spammeurs et des hackers qui s’attaquent même aux petits sites.
  6. L’utilisation des réseaux sociaux type facebook ou twitter. Autant j’aime bien le coté interactif de facebook, autant twitter me laisse perplexe à part pour la création de listes thématiques utiles pour piocher quelques buzz ou trouver des offres spéciales. J’ai même découvert que l’on pouvait acheter des fans facebook ou twitter par centaines ou milliers.
  7. La découverte des autres blogs. J’ai manqué de temps pour les commenter mais c’est un plaisir d’en lire certains, très sympathiques, comme Instinct Voyageur de Fabrice ou Tête de Chat de Sandro, entre autres. La lecture me prend aussi beaucoup de temps car j’essaie de faire une liste synthétique des blogs et sites intéressants consacrés au voyage.

Que faire ? Que faire ?

Découvrant un peu tout ce nouvel univers en autodidacte, j’ai passé un temps fou dessus et je n’ai pas eu le temps me consacrer aux traductions comme je le voulais. Heureusement que ma troisième corde à l’arc m’a permis d’avoir les économies nécessaires. Il faut être passionné et ne pas compter ses heures, particulièrement au début (après, avec l’expérience et une réputation, j’imagine que l’on peut améliorer sa productivité) et ne pas tomber dans le piège de ceux qui vous promettent que l’on va gagner des fortunes assis sur un transat sur la plage avec un ordinateur à ses pieds. C’est déjà pas évident de trouver un connexion wifi sur la plage 🙂

Le retour à mon mode sédentaire (avant la prochaine destination 😉 ) m’a fait décupler ma productivité, j’ai plein d’idées d’articles et c’est bon signe de voir que l’appétit vient en mangeant. Je me donne un objectif de publication de deux articles par semaine (hors exception) ce qui me paraît être un bon compromis, je bosse sur des dossiers approfondis aussi et j’envisage bientôt de lancer une série d’interview de voyageurs (je pique l’idée à d’autres sites mais je la trouve vraiment excellente). Je m’aperçois aussi que j’ai écrit certains articles comme un cochon à cause des contraintes de nomade et des impératifs de lancement. Je les relis maintenant et j’ai un peu honte de certains. Je les corrige donc, un à un, et je ferai plus de d’efforts de relecture avant de presser sur le bouton « Publier », Google n’aime pas trop la réécriture mais bon, ce que je perds à court terme, je le gagnerai probablement à long terme. La vie est faite pour apprendre alors je continue à vivre et à apprendre…

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27 Commentaires

  1. Commentaire par Piotr

    Piotr Répondre at 23:14

    « l’élève ayant complètement surpassé le maître désormais. » surtout s’il est passionne de Poker 😉

    Bien Voyager : Les astuces pratiques et réflexions de Piotr sur un peu tout ce qui est en relation avec le voyage

    Je vois que tu me cites… dans le fourre-tout XD ouah le vilain ! Vas-y dis que je suis un généraliste… bon, j’avoue, je parle du voyage au sens vraiment large… 😉

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 16:06

      Piotr, tu sais que j’ai éliminé Tim Ferris de la liste pour t’y mettre ?
      C’est une très belle entrée en matière 😉

      • Commentaire par Piotr

        Piotr Répondre at 21:04

        Ouah, non, je savais pas… la, en effet, cela change tout ^^ Je suis ému de cet reconnaissance et j’aime remercier mon papa et ma maman sans qui je ne serai pas la aujourd’hui, ainsi que…

  2. Commentaire par Bolo

    Bolo Répondre at 23:27

    J’ai vécu 3 mois comme toi en Amérique du Sud.
    Je suis rentrée ce matin.

    La seule grande difficulté que j’ai eu avoir une connexion a internet haut debit ( +6M0)

    Mais comme toi j’ai réussi a augmenter ma productivité !

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 16:10

      Comme tous les boulots, on finit par faire des gains de temps avec l’expérience je pense.
      Trouver une bonne connexion pose des problèmes dans certaines zones mais je suis plutôt agréable surpris de la couverture internet en général.
      Bon retour à toi Bolo en tout cas et profite bien du prochain nouvel été 😉

      • Commentaire par Bolo

        Bolo Répondre at 16:20

        Oui il y a du wifi partout cependant pour travailler toute une journée. Non

        – internet est souvent perturbé, voit inaccessible pendant plusieurs semaine.
        – Quand il marche certain café te limite l’acces au bout de 4 heures
        les deux starbuck de puerto madero et celui de micro centro

        oui le wifi c’est bien mais qqn qui a besoin d’un connection stable pendant plus de 7 heure pas jours c’est difficile

        • Commentaire par Pierre

          Pierre Répondre at 18:00

          De mon expérience personnelle à Buenos Aires:
          – j’avais une connexion stable chez moi quand j’ai loué une chambre au mois. Problème : j’ai eu une déconnexion de plusieurs jours, il y a un monopole privé de Telefonica en Argentine le service de dépannage est très pauvre et j’ai du attendre longtemps avant d’avoir de récupérer la connexion.
          – Je n’ai jamais essayé dans les Starbucks. En revanche, je suis allé dans un grand nombre de petits bars-resto à Sant Telmo avec connexion wifi. J’ai souvent eu une connexion stable et de bonne qualité sans limitation.

      • Commentaire par Lou

        Lou Répondre at 10:06

        Bonjour Pierre, nous sommes en train de réaliser pour un projet de Master une étude sur les freelances dans le monde et plus particulièrement en Amérique du Sud. Ton expérience de « terrain » nous serait d’une très grande aide pour comprendre les problématiques en lien avec cette zone géographique. Est ce que ça t’intéresserai de nous aider ? A très vite.

  3. Commentaire par fabrice

    fabrice Répondre at 18:06

    Je te rejoint tout à fait sur le fait que bloguer c’est chronophage en voyage. Le voyage en devient moins intense. Moi qui a l’habitude avant de faire des voyages au long cours « libre », ben ca change…

    Si tu es obsédés par les stats, dés que tu fait un trek de 3 jours et bien forcement ca baisse.

    Tu as la chance d’avoir la traduction, au moins, c’est une source de revenu plus régulière et plus sur que le blog non? Et cela demande moins de temps en plus non?

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 18:50

      Je crois qu’on a la même conception du voyage Fabrice.
      On l’a déjà dit, il faut essayer de trouver le juste compromis et ce n’est pas évident du tout. Je suis en train de réfléchir à prendre un smartphone type blackberry sur ebay, ça pourrait être un outil pratique pour ce mode de vie, à voir…
      Et les statistiques jour par jour n’ont pas une grande valeur à mon humble avis (je n’ai pas d’autorité dessus c’est juste une opinion) pour ce genre de blog; je regarde surtout les tendances à moyen terme. Je commence à prendre mes distances avec Google Analytics de ce point de vue là.

      La traduction a des avantages. C’est moins bien payé en général sur internet que dans un bureau et ça dépend des projets. Je n’ai pas de qualification spécifique (j’ai un master d’économie) mais mes années en Angleterre m’ont bien aidé. Je pense pouvoir améliorer ma productivité en trad dans le futur; nécessaire car c’est payé à la tâche. Ce n’est pas la chose la plus excitante au monde mais il y a a pas mal d’offres de projets sur internet. Je peux pas comparer ces revenus-là avec ceux d’un blog car tout dépend du succès du blog évidemment et le blog est une passion et quelque chose de personnel (on est plus proche du bénévolat ou de la start up au début).

      • Commentaire par fabrice

        fabrice Répondre at 22:59

        Oui d’accord avec toi, un blog est plus personnel et au début, c’est plus du bénévolat:-)

    • Commentaire par Piotr

      Piotr Répondre at 21:17

      Ah bah les stats Fabrice, vive les articles programmés 😉

      • Commentaire par fabrice

        fabrice Répondre at 22:57

        Oui les articles programmés compensent. Mais pas suffisant, si tu es moins présent, ou pas du tout pour quelques jours, cela baisse.

        • Commentaire par Piotr

          Piotr Répondre at 23:08

          oui, il y a une perte de trafic naturel mais cela n’est pas non plus extreme pour toi Fabrice si ? Ton blog a combien, 8mois maintenant ? Doit y avoir un sacrée paquet d’articles a lire !

  4. Commentaire par Lemerou

    Lemerou Répondre at 11:40

    D’abord bravo pour réussir à combiner voyage + blogging.
    Pour avoir essayer plusieurs fois, je sais que je n’ai jamais vraiment réussi (je n’ai pas votre volonté de fer, à toi ou Fabrice 😉 )
    Sinon, tu es auto entrepreneur ? Je croyais que finalement, ce n’était pas si intéressant que ça comme statut ? (voir la récente polémique)

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 20:04

      Merci Lemerou.
      La vérité concernant le statut d’autoentrepreneur est que je verrai si c’est valable au bout d’un an au moins. Je viens juste d’y passer il y a quelques mois donc mon retour d’expérience est limité. Mais je trouve le statut très pratique au niveau de la simplification administrative, le fait de pouvoir régler par internet et je peux mixer traduction et blogging dans la catégorie « prestations de services ». Le niveau de l’imposition libératoire est aussi avantageux à condition de ne pas dépasser un plafond.
      Reste que sur le peu que j’ai vu, c’est toujours la vieille bureaucratie française qui s’est mis en route avec l’envoi massif de demandes de papiers ou de paiements qui n’ont rien à voir avec l’activité.

  5. Commentaire par Alexis

    Alexis Répondre at 06:27

    Je viens de découvrir ton blog (super sympa au passage 😉 ), et en plus je viens de lire que tu arrives à allier voyage et blog pour en tirer de quoi vivre sur place (ou plus)… Ca motive pour continuer dans cette voie !

    Tu comptes aller où pour ta prochaine destination ?

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 19:41

      Un déménagement de la base vers Barcelone devrait se faire prochainement. Et je commence à faire des plans sur l’Asie. Qui vivra verra 🙂

      • Commentaire par Alexis - Objectif Voyage

        Excellent projet ! Bien que l’Espagne c’est pas folichon en ce moment… Mais vu que tu amènes avec toi ton propre job, tu pourras profiter de Barca comme il faut.

        Et pour l’Asie, tu as une idée du pays ou de la ville ?

  6. Commentaire par Ye Lili

    Ye Lili Répondre at 13:29

    Tres interessant ce retour d’experience… il me tarde les prochains mois pour voir ou ca va te mener. Mais deja, felicitations: c’est beau de tout mettre en oeuvre pour realiser son reve!
    Et concernant la reecriture d’aticle, si google n’aime pas, tes lecteurs attentifs apprecieront 🙂

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 19:46

      Merci de ton commentaire Lili. Venant de toi cela me fait très plaisir. Beaucoup de choses dans la vie sont plus question de motivation qu’autre chose je le crois profondément. C’est aussi intéressant de relire des articles après coup, cela permet également de se remémorer dans quelles circonstances ils ont été écrits.

  7. Commentaire par NowMadNow

    NowMadNow Répondre at 04:58

    Pas évident de combiner le voyage et le blog… Et puis je passe pas mal de temps sur des blogs bien captivants… Equilibre, équilibre 🙂

    Bonne chance à toi!

    NowMadNow

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 06:12

      Merci Al… heu Nowmadnow 🙂
      Ha je pense que tu sais ce dont je parle.
      Pour raconter ses expériences, il faut les vivre et savoir aussi délaisser le PC quand il le faut.
      J’ai quelques trucs à raconter encore que je n’ai pas commenté en temps réel parce que je souhaitais plus être acteur que commentateur sur la fin en Amérique du Sud. Enfin bref, je crois que que je parle déjà à une convertie 😉

  8. Commentaire par Catherine

    Catherine Répondre at 05:26

    Bonjour Pierre,

    Je découvre ton blog et je le trouve très sympathique.
    Que de vérités dans cet article concernant le fait que le blogging prend beaucoup de temps ! Je ne pense pas que les gens s’en rendent compte. On travaille souvent et effectivement lorsqu’on ne publie pas hé bien on travaille sur les articles suivants… Mais quand le sujet est passionnant avec c’est avec bonheur !

  9. Commentaire par Nath

    Nath Répondre at 22:28

    Bonsoir,
    Cet article a le mérite de remettre les pendules à l’heure sur la réalité du digital nomade car je suis sûre que beaucoup ignorent la discipline et la volonté nécessaires pour résister à la tentation d’aller vadrouiller toute la journée !!!
    Où en es-tu depuis cet article ?

    • Commentaire par Pierre

      Pierre Répondre at 05:13

      He bien, je m’achemine vers le tout internet total et de vivre de sites internet maintenant.
      Je suis un peu plus expérimenté et je vois mieux comment ça marche.
      Je pense refaire quelque chose de similaire cet hiver en Amérique latine avec quelques projets personnels en plus.

  10. Commentaire par Thom

    Thom Répondre at 13:38

    Belle expérience! honnêtement ça donne des idées, je trouve que de cette manière un voyage prend tout son sens. J’ai déjà essayé de faire plusieurs blogs mais bon, un commentaire tous les 36 du mois ce n’est pas génial, t’abandonnes vite… ceci dit avec tes quelques bon conseils, je vais peut-être m’y remettre 😉

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