L’ART DE BRILLER EN SOCIETE 1

Londres me donne pas mal d’inspiration car c’est une ville très « busy » comme ils aiment bien le dire de ce côté-ci de la Manche. Mes réflexions portent aujourd’hui sur les rapports sociaux et l’art délicat de briller en société. Comme vous le savez déjà, les gens sont très divers : certains sont des personnes charismatiques et s’imposent d’eux-même, d’autres se contentent de suivre (phénomène bien connu de Panurge), certains développeront des flots de paroles inintéressants que les polis en panne d’imagination se feront un plaisir d’applaudir tandis qu’à côté, les artistes en lourderie se feront une joie d’imposer leur voix. C’est le sympathique cirque vivant des relations humaines.

Mais le plus intéressant à mon avis consiste à savoir comment se sortir des petites mises à l’épreuve quotidiennes.

J’avais rendezvous (pas de faute c’est de l’anglais) avec une amie anglaise de Bilbao qui vivait à Londres désormais. J’arrivai dans la rue du RDV où je l’aperçus. Elle courut vers moi d’un pas gracieux et élégant en disant des mots en anglais que je n’arrivais pas à distinguer. Très content de la voir, je commençais à écarter les bras pour l’accolade. Ce moment était intense, un peu comme ces moments de cinéma où vous voyez les gens courir pour se retrouver à un endroit précis. Reste qu’au moment précis du contact espéré, elle passa à côté de moi car elle avait vu quelqu’un d’autre que moi de l’autre côté de la rue. C’est dingue comme on sent con dans ces moments là ! Je revins donc en arrière comme si de rien n’était (on essaye de se souvenir que le ridicule ne tue pas à ce moment là) pour signaler ma présence. En fait, l’autre personne était mon ancien colocataire irlandais dont je n’avais pas eu de nouvelle depuis longtemps. L’excellent sentiment de surprise l’a finalement emporté. Une bonne anecdote (hors-sujet) concernant les Irlandais qui visitent l’Angleterre est qu’ils ont l’impression de revenir au XX° siècle car les Anglais utilisent toujours la livre, un système spécial pour les distances et la pesée, instrument de comptage maintenant délaissé par les Irlandais avec l’Europe.

Ne jamais oublier de complimenter une fille lorsque celle-ci a fait des efforts vestimentaires ou capillaires. Le non-dit relève (dit-on dans le clan du côté obscur) du mépris, de la goujaterie, de l’insulte passive bref… du crime de lèse-majesté ! Une excellente remède consiste à dire a l’intéressée « Tu es la rayon de soleil qui illumine ma journée. » (petite phrase très utile à servir sans modération dans n’importe quelle langue, même pour une flatterie gratuite, car c’est toujours apprécié). Cependant, il arrive que tant de galanterie débouche sur une invitation à accompagner la dame qui ne coïnciderait pas avec le fond de gueule de bois qui traîne de votre côté. Il existe une parade pour rester gentleman tout en gardant sa liberté. Dites lui que sa lumineuse présence a provoqué chez vous un coup de soleil. Cette astucieuse pirouette vous sera d’un grand secours pour votre survie sociale.

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