L’ULTIME TEST LINGUISTIQUE EN ESPAGNOL : LA FAMILLE ARGENTINE

« Qui apprend une nouvelle langue acquiert une nouvelle âme. », Juan Ramon Jimenez

Les langues favorisent sûrement le développement des nuances de pensée et l’ouverture d’esprit. Connaître une langue, c’est s’ouvrir à de nouveaux horizons qui étaient autrefois inaccessibles. De manière assez surprenante, un nombre élevé de voyageurs qui passe un minimum de six mois en Amérique latine reste incapable de faire une phrase correcte en espagnol. Ils restent dans les communautés de touristes et se focalisent massivement sur les endroits touristiques et tous ceux où ils peuvent abuser de leur fort pouvoir d’achat. Une expérience qui reste dépaysante, certes, mais qui perd énormément du point de vue de l’immersion culturelle. Avant de partir en Uruguay pour la seconde partie de mon séjour de trois mois en Amérique latine, j’ai accepté avec plaisir l’invitation à passer la fin de semaine chez la famille d’une amie argentine dans une petite ville en périphérie de la province de Buenos Aires. A ce sujet, les Argentins ne diront généralement pas Buenos Aires mais plutôt « capital federal »; de manière assez curieuse aussi, Buenos Aires n’est pas la capitale régionale de la province de Buenos Aires, ce rôle étant attribué à la ville de La Plata. J’ai essayé de différencier plusieurs niveaux dans l’apprentissage des langues.

  1. Le premier niveau s’apprend à l’école. Il pose les bases grammaticales pour former une phrase correcte.
  2. Le seconde niveau, c’est la lecture et l’écoute de livres, journaux, films en espagnol.
  3. Le troisième niveau est l’espagnol que l’on apprend dans une communauté n’ayant pas l’espagnol comme langue maternelle. On met en pratique toute la théorie. Les échanges Erasmus sont très formateurs à cet égard. Personnellement, l’année d’étude passée à Bilbao, dans le Pays Basque espagnol, m’a fait passer un palier.
  4. Le quatrième niveau c’est la capacité à faire une conversation avec un natif; saisir la majorité des nuances de pensée et commencer à penser d’une manière différente et saisir avec pertinence les contrastes culturels.
  5. Le cinquième niveau, je pense vraiment l’avoir découvert ce week-end : partager le repas et la discussion d’une famille de cinq soeurs et frères qui se connaissent par coeur. Ca plaisante à foison, ça se coupe toutes les deux gorgées de vin de Mendoza, ca s’exprime de manière vive et colorée à coup de « che » ou « boludo »*.

J’ai redécouvert à cette occasion mes limites et retouvé intégralement la notion d’humilité (le véritable bilinguisme ne restant accessible qu’à une petite ultra-minorité). Rebondir sur un sujet lorsque plusieurs personnes se parlent et s’entrecoupent entre elles relève de l’exploit de chaque instant. Il faut faire la part des expressions idiomatiques nationales*, faire avec le vocabulaire manquant, essayer de traduire dans sa tête au plus vite. En bref, devenir un petit ordinateur humain mille fois plus puissant que Google Traductions. Mais même si certaines marches sont difficiles à surmonter, c’est toujours grâce à une grande dose d’humilité que l’on peut véritablement apprendre et que l’on peut ainsi devenir meilleur. Et cela marche dans un grand nombre de domaines.

 

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4 Commentaires

  1. Commentaire par fabrice

    fabrice Répondre at 01:07

    C’est vrai que c’est dommage de passer 6 mois en Am du sud sans parler un minimum cette langue! C’est l’objectif aussi que j’ai, heu de l’apprendre par des cours!

  2. Commentaire par Pierre

    Pierre Répondre at 17:21

    Oui c’est vraiment dommage de se priver de cette chance. D’autant plus que l’espagnol est plus facile que le français et que les Sud-Américains sont plus aimables avec les étrangers que les Français, en règle générale.

  3. Commentaire par NowMadNow

    NowMadNow Répondre at 02:13

    Je me remets à réviser mon espagnol… Deux années de cours, c’est pas mal, mais ça reste un apprentissage scolaire, donc… très limité! J’ai hâte d’être en immersion en Amérique latine, même si je sais que j’aurais quelques moments de solitude. Enfin, je les attends avec impatience ceux-là aussi 🙂

    NowMadNow

  4. Commentaire par Pierre

    Pierre Répondre at 15:58

    Tu t’en sortiras bien Mad j’en suis sûr. Les Français ont un avantage naturel pour comprendre l’espagnol et surtout il s’écrit comme il se prononce (enfin c’est pas toujours le cas en Argentine). C’est un peu plus délicat avec le portugais je trouve.

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